Les 50 ans du double projet de Danone : un engagement économique, social et environnemental

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« Il n’y a qu’une seule terre. On ne vit qu’une seule fois. »

Il y a 50 ans, le 25 octobre 1972, Antoine Riboud, fondateur de Danone, prononçait une allocution avant-gardiste lors des Assises du CNPF, principale fédération patronale française, organisées à Marseille.

Le double projet illustre la (ré)conciliation nécessaire entre la performance économique d’une entreprise et sa responsabilité sociale et environnementale.

Le discours intervient dans un contexte social et politique marqué par de profonds débats sur le rôle de l’entreprise dans la société, alimentés par Mai 1968 en France, le projet de “Nouvelle société” de Jacques Chaban-Delmas,  le rapport du Club de Rome sur la croissance ou encore la conférence de Stockholm.

En avance sur son temps, Antoine Riboud défendait le rôle des entreprises pour ouvrir la voie au progrès économique, social et environnemental.

Mécénat Public Privé, fondé en 2021 par Edouard Rappaz, s’attache également à valoriser la place des entreprises dans la Société, en s’inscrivant en trait d’union entre les entreprises engagées et les projets publics à forte valeur ajoutée.

Convaincu que la capitalisme peut concilier performance économique, responsabilité sociale et développement durable, Mécénat Public Privé conseille et accompagne les acteurs économiques qui souhaitent s’inscrire dans la démarche de responsabilité sociétale des entreprises (RSE), renforcée par la loi PACTE, en valorisant leurs engagements sociaux et environnementaux.

Les 50 ans du double projet de Danone. Extraits du discours prononcé le 25 octobre 1972 par Antoine Riboud :

« Croissance et Qualité de vie »

« Il n’y a qu’une seule terre. On ne vit qu’une seule fois.

La croissance économique, l’économie de marché ont transformé, bouleversé le niveau de vie du monde occidental. C’est indiscutable. Mais le résultat est loin d’être parfait.

D’abord, cette croissance n’était pas porteuse de « justice » ; trop nombreux sont encore ceux qui se trouvent en dessous d’un seuil acceptable de bien être, que ce soit dans le cité ou dans l’entreprise.

Il n’est pas possible d’admettre que la croissance abandonne derrière elle autant de « laissés pour compte » : les vieillards, les inadaptés, les malades et surtout les travailleurs, qui sont nombreux à bénéficier insuffisamment des fruits de la croissance.

Ensuite, cette croissance engendre des nuisances à la fois collectives et individuelles. Elle a souvent sacrifié l’environnement et les conditions de travail à des critères d’efficacité économique. C’est pourquoi elle est contestée, et mieux parfois rejetée comme finalité de l’ère industrielle. Laisser faire plus longtemps, continuer à faire confiance à la Loi du Hasard nous conduirait immanquablement à la Révolution.

Nous devons nous fixer des objectifs humains et sociaux, c’est-à-dire, d’une part, nous efforcer de réduire les inégalités excessives en matière de conditions de vie et de travail, d’autre part, nous efforcer de répondre aux aspirations profondes de l’Homme et trouver les valeurs qui amélioreront la qualité de sa vie en disciplinant la croissance. Il conviendra ensuite d’appliquer ces valeurs dans la vie collective et dans la vie de l’entreprise.

Premier objectif: réduire les inégalités excessives. Devant le porte-monnaie vide, ne parlons pas de choix ou de qualité de la vie. Dans nos sociétés modernes, il faut convenir que l’inégalité excessive est partout: elle est dans les salaires, dans les conditions de travail, de logement, de transport, d’accès à la culture et aux loisirs; elle est dans la frustration ressentie par tous ceux qui, encerclés par la publicité, ne peuvent s’offrir le millième de ce qu’on leur dit “être indispensable à leur bonheur”. L’objectif prioritaire est la disparition des situations matérielles qui se trouvent en dessous du seuil de bien-être. C’est une question de conscience collective.

Cette priorité sociale étant ainsi définie, poursuivons nos réflexions. Il semble aujourd’hui que le bien-être matériel, le confort ménager, la radio, la télévision s’accompagnent d’un refrain “métro, boulot, dodo”. Pour beaucoup, c’est le “ras-le-bol”. Vous avez reconnu les slogans de Mai-68. La jeunesse a été le détonateur. Elle représente la moitié de la population du globe. Mais comment sommes-nous arrivés à ces journées révolutionnaires qui nous ont montré une société bloquée. La croissance a permis une très large démocratisation de la consommation mais aujourd’hui, pour beaucoup, produire et consommer devient une valeur insuffisante et, en allant même plus loin, l’abus de biens de consommation finit par aliéner la personnalité. (…)

Le rôle et la responsabilité du chef d’entreprise prennent dès lors une nouvelle dimension. Il sera soumis lui aussi à deux critères d’appréciation: la réalisation des objectifs économiques vis-à-vis de ses actionnaires et de l’environnement. Mais aussi la réalisation des objectifs humains et sociaux vis-à-vis de son personnel. (…)

Du logement à la poudre à laver, l’entreprise est concernée : elle crée, elle produit, elle vend. Bien plus, les emplois qu’elle distribue conditionnent la vie tout entière des individus ; la ville qu’ils habitent, leur logement, leur transport, leurs loisirs. Leur avenir, celui de leurs enfants, dépendent des possibilités de changement et de promotion que l’entreprise offre. Par l’énergie et les matières premières qu’elle consomme, par les nuisances qu’elle engendre, elle modifie peu à peu l’aspect et même, disent certains, l’équilibre de notre planète. Le public se charge de nous rappeler nos responsabilités dans cette société industrielle. (…) Conduisons nos entreprises autant avec le cœur qu’avec la tête, et n’oublions pas que si les ressources d’énergie de la terre ont des limites, celles de l’Homme sont infinies s’il se sent motivé. »

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